Appelez moi Docteur-après-la-Mort si vous voulez, mais je voudrais réagir sur un sujet qui agite notre douce France depuis un petit mois.
Oui, je veux parler de la « dangereuse islamiste » que présente le NPA dans le Vaucluse pour les Régionales. Ilham Moussaid.
Depuis le début de la polémique, début février, on entend la gauche, la droite, l’extrême droite crier au scandale :
« Comment ?! Le NPA ose présenter une femme voilée ? Quelle horrible démarche électoraliste ! Tout ça pour gagner les vois des islamistes musulmans ! C’est honteux ! Et de la part d’un parti qui se dit féministe ! Où va-t-on ! »
Je le reconnais, tout ceci est extrêmement résumé, cependant je pense avoir synthétisé l’essentiel du débat en 3 lignes. Et ça ne vole pas haut, comme vous pouvez le constater.
Dans la contestation de cette candidature, et j’irais même plus loin, dans l’injure faite à cette jeune candidate, il n’y en a pas eu un pour rattraper l’autre.
Entre l’association AWSA (Arab Women Solidarity Association) qui dépose une plainte contre elle (tout comme Ni putes Ni soumises) ; Martine Aubry qui se dit tout simplement « contre », Mélenchon qui trouve qu’il s’agit là d’une candidature « immature et racoleuse »… On a bien compris l’état d’esprit général.
- On nous clame que la religion n’a rien à voir avec la politique et je réponds oui, trois fois oui. Et de fait, cette candidate n’a JAMAIS parlé de religion. D’ailleurs, quand on l’accuse d’être une candidate religieuse, elle répond «La laïcité, c’est la séparation de l’Etat avec l’institution religieuse. Je ne représente pas cette institution religieuse. Je suis porteuse d’un projet politique qui est l’anticapitalisme.». Voilà qui est bien rétorqué, Ilham.
- On nous assène qu’en la désignant candidate, le NPA est dans une optique électoraliste et veut glâner les voix des musulmans des cités. Franchement Messieurs-Dames les politiques de droite et de gauche, un tel raisonnement ne vous fait pas honneur ! Cela signifie-t-il que pour vous, choisir un candidat issu d’une minorité ethnique revient forcément à draguer sa communauté d’origine ? Que dois-je penser des Rachidas, Noras et autres Ramas ? Alibis ? Je ne peux le croire !
Dans ce débat, personne n’a l’air de se soucier de ce que pense cette malheureuse candidate ! On la dit soumise à un régime patriarcal, manipulée par son parti politique. Mais qui s’intéresse vraiment à ses opinions ? À son discours ? À ses engagements ?
Pourquoi ce simple bout de tissu dont elle recouvre ses cheveux fait que l’on nie ce qu’elle pense et ce qu’elle dit ?
De ce que j’ai pu lire, elle milite depuis 4 ans, donne des cours à des jeunes en difficulté, s’engage… Rien n’indique qu’elle est la pasionaria de l’islamisme, ni sous le joug de père ou frères dominateurs !
Je suis intimement convaincue que la première raison pour laquelle certaines « minorités » ne se sentent pas françaises, c’est parce qu’elles entendent à longueur de semaines de jugements hâtifs ânonnés par des personnes qui n’y connaissent rien.
En l’occurrence, crier à la femme soumise et à la domination moyenâgeuse de l’homme sur la femme à chaque fois que l’on aperçoit un foulard c’est exposer sa méconnaissance du sujet – un foulard peut être un signe de domination, mais pas dans tous les cas – et se montrer extrêmement arrogant. Au-delà de l’erreur d’appréciation, ce qui est grave, c’est que cela crée des crispations dans et entre les différentes communautés.
Défendre nos principes républicains, bien sur, mais rejeter toutes les différences sans même réfléchir au sujet, NON, PAR PITIE !
En tous cas, si vous aussi, lecteurs, avez été choqués de tous ces commentaires à la limite de l’acceptable, vous serez rassurés d’apprendre que certains ont été bien plus posés et réfléchis.
Je vous recommande donc vivement la lecture de la brillante tribune de Karima Delli, Véronique Dubarry, Anne Souyris, Emmanuelle Cosse et Caroline Mécary.
Ah ça va mieux ! Il reste donc quelques (femmes) politiques valables dans ce pays !